Chapitre 11 - Un passé compliqué
- Kasuma
- 30 mars
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 avr.
« Merci. » remercia Iris, avec reconnaissance.
Mais évidemment, le robot ne lui répondit rien et partit même pendant qu’il se rhabillait.
Iris l’observa partir avec curiosité, tandis qu’autour de lui des scènes similaires se produisaient en répétition.
Puisque tout le monde se levait de sa propre machine presque au même moment.
Après ce voyage dans la seconde dimension, les étudiants étaient momentanément plongés dans leurs pensées. Donc bien que la grande salle réservée aux hommes comptait une centaine de lycéens, elle était très silencieuse.
Après tout, chacune de ces personnes n'avait personne à qui parler, hormis ses propres croyants durant les 3 derniers jours.
Et puisque cela consommait du pouvoir divin, l’utilisation était très restreinte.
Globalement, c’était 3 jours de solitude.
Donc il fallait un léger temps d’adaptation.
« Je me demande toujours jusqu’à quel point ces robots sont intelligents. » pensa Iris tout en observant du coin de l’œil les robots donner leurs vêtements aux autres lycéens.
« Et bien, ce n’est pas si important. Face à la puissance des Empereurs-Dieux, aucun robot, peu importe à quel point il est intelligent, ne peut faire quelque chose. »
Alors qu’il finissait de s’habiller, il entendit une voix via les hauts parleurs.
« Félicitations à tous pour être devenu des demi-dieux et avoir obtenu vos premiers croyants. En tant que directeur, c’est une grande fierté de voir que ces 3 journées se sont bien passées pour vous. »
En entendant ces paroles, Iris fit un sourire narquois.
« Évidemment, il ne mentionne pas les élèves qui sont partis dès le premier jour car ils ont décidé de ne pas s’ancrer à la première tribu qui leur était proposée. »
Bien sûr, personne n’entendit les paroles d’Iris.
« Dans un mois aura lieu le premier examen, soit l’équivalent de 30 ans dans la seconde dimension. »
« En 30 ans, vous avez tous l’occasion de développer une ou plusieurs générations de croyants. Montrez-nous toute l’étendue de vos talents en tant que demi-dieux. Le top 10, le top 3 et la première place obtiendront tous des financements du lycée. »
« Les récompenses seront affichées demain matin sur le site internet du lycée. »
Après ces paroles, tout le monde se regardaient les uns les autres, et commencèrent à discuter.
Iris, puisqu’il n’avait pas de connaissance dans ce lycée, ne discuta avec personne. Il resta juste plongé dans ses pensées pendant un moment.
« Je dois réfléchir à un plan pour maximiser le développement de la tribu durant les 30 prochains jours. »
Le haut-parleur dans la salle des hommes du lycée résonna une nouvelle fois.
« Une dernière chose, Nathaniel Orlès, Élena Varsky, Caleb Hensley, venez tous dans mon bureau demain matin. »
Evidemment, les paroles du directeur devaient également être diffusées dans la salle des femmes.
Iris jeta un coup d’œil vers l’étage au-dessus. Depuis sa position, il pouvait clairement voir le directeur à travers la baie vitrée.
« J’imagine que ce sont les talents détectés par le lycée. »
« C’est vrai qu’avec un sacerdoce de l’eau, j’ai plus de chance d’être dans les 3 derniers que dans les 3 premiers en termes de talent. »
Mais il lâcha rapidement son regard.
« Et bien de toute façon, puisque ça ne me concerne pas, ce n’est pas grave. Ce n’est pas dans un petit lycée réservé aux étudiants pauvres, que des récompenses peuvent surpasser la chance d’éveiller son talent divin. »
N’ayant plus rien à faire ici, et parce qu’après l’éveil en tant que demi-dieu il n’y avait pas cours pendant toute la journée, Iris rentra simplement chez lui.
Il passa à travers les couloirs du lycée, et sortit enfin par la porte principale.
Non loin, il y avait un bus qui arrivait.
Mais Iris lui jeta simplement un coup et continua à marcher.
Il n’avait pas d’argent pour manger et encore moins pour payer le bus.
Les immeubles se dressaient sagement sous un ciel gris, les magasins commerciaux étaient animés et les passants défilaient, absorbés par leurs propres vies.
Oriana restait une ville assez mouvementée avec de nombreuses entreprises implantées.
La grande majorité des personnes étant des personnes ordinaires, elles avaient besoin de travailler pour survivre.
En effet, tout le monde avait déjà pu devenir des demi-dieux, mais à partir du moment où la tribu sur laquelle un demi-dieu s’était ancré était détruite, alors le royaume descendrait directement au rang d’humain ordinaire.
Sans parler des guerres entre dieux dans la seconde dimension, qui était également une cause importante de l’extinction de nombreuses tribus.
Il y avait bien quelques méthodes pour ne pas tout perdre, mais celles-ci nécessitaient soit des ressources, soit un talent particulier, soit un courage extraordinaire.
La planète Xaya étant une planète relativement ordinaire sur le territoire humain, si on enlevait l’aspect qu’il y avait de nombreux demi-dieux et Dieux sur cette planète, elle était en fait similaire sur de nombreux points à la planète Terre du 21ème siècle.
Pendant ce temps, Iris avançait sans se presser, longeant les vitrines et croisant des regards indifférents.
Il traversa plusieurs quartiers, des plus modestes aux plus riches, jusqu’à arriver à une zone où le luxe transparaissait dans chaque détail.
Des grilles dorées, des jardins entretenus avec perfection, des maisons immenses dont les façades brillaient sous la lumière artificielle des lampadaires.
Enfin il s’approcha d’une vaste demeure.
Deux hommes en uniforme se tenaient devant l’entrée, en train de discuter.
Lorsqu’ils le virent approcher, leurs lèvres s’étirèrent en un sourire moqueur.
« Tiens donc, voilà le bâtard de la famille Valsheim qui est de retour. »
« Tu nous as manqué, Iris. En espérant pour toi que la deuxième dimension était plus confortable que ta petite cabane. »
Iris ne répondit pas. Il avait l’habitude de ces provocations de la part des gardes, des servantes, des cuisiniers et globalement de tout le personnel de ce manoir.
Depuis ses trois ans, il vivait ici, dans cette demeure luxueuse qui n’avait jamais été un foyer.
Il n’était qu’un orphelin adopté par la famille Valsheim, non par bonté, mais pour redorer leur image auprès du public. Un geste hypocrite qui cachait une réalité bien plus sombre.
Violences physiques, humiliations et mépris constant. Dès qu’il avait compris qu’il n’aurait jamais sa place parmi eux, il s’était résigné à survivre, à encaisser, à endurer.
Et pourtant, il avait continué à espérer pendant longtemps. Espérant qu’un jour, tout le monde lui adresse enfin un sourire et qu’il puisse vivre heureux avec tout le monde.
Mais il se passa quelque chose qui lui brisa tout espoir lors de ses 10 ans, et depuis, il devint extrêmement froid et méfiant avec presque tout le monde.
Mais aujourd’hui, il n’avait pas la patience de supporter leurs moqueries.
Sans un mot, il passa en force, surprenant et bousculant l’un des gardes qui faillit perdre l’équilibre.
« Hé ! sale gamin… »
Le premier voulut le retenir en l’arrêtant en posant sa main sur l’épaule d’Iris, mais l’autre garde l’arrêta.
« Attends un peu. » dit-il avec un regard empli de signification.
Le premier garde se rappela rapidement que même si devenir un demi-dieu n’apportait aucune amélioration à la condition physique, ils n’étaient clairement pas sans défense.
« Fait de ton mieux pour survivre, petit bâtard. » murmura-t-il, d’une voix pleine de mépris.
Iris s’arrêta un moment, tourna légèrement sa tête et regarda le premier garde avec des yeux très froids.
À tel point que le garde ayant dit cela fut perturbé.
« Quoi ? »
Iris continua de le regarder avec des yeux toujours aussi indifférents.
« Prie pour que je meurs, car sache que je n’ai rien oublié. »
Lâchant cette simple phrase lourde de signification, Iris se retourna, laissant les deux gardes momentanément sans voix.
Voyant la silhouette d’Iris s’éloigner, les deux gardes se remirent à discuter.
« Jack…Tu trembles. » dit à voix basse le deuxième garde, avec une voix légère.
Ne répondant pas à son collègue, Jack lui demanda plutôt :
« Tu penses qu’il a une chance de survivre jusqu’à l’examen d’université ? »
Le second garde montra une expression remplie de dédain.
« Pour un déchet tel que lui, il n’y a aucune chance. Sans ressources et sans sacerdoce puissant, plus de 90% des élèves voient leur tribu mourir avant d’atteindre l’examen. »
« Et au vu de ses notes au lycée ainsi que de son propre talent, il en fera sans aucun doute partie. »
« Puis même si c’était le cas ? » ajouta-t-il toujours sur un ton à la fois arrogant et dédaigneux.
« Nous sommes des gardes de la famille Valsheim, la même famille avec deux Dieux aux commandes et avec un fils aîné qui est un demi-dieu au neuvième tour. »
« Nous sommes intouchables. »
Jack regarda son collègue, puis regarda le dos d’Iris qui s’éloignait.
« Je l’espère bien. » pensa-t-il secrètement.
Les yeux qu’il avait vu…le faisaient douter.
Iris traversa le jardin luxuriant sans prêter attention aux statues en marbre ni aux fontaines décoratives. Tout était beau, entretenu, éclatant… et pourtant, pour lui ce n’était qu’une prison dorée doté de geôliers animé par toutes sortes d’émotions négatives.
Mais son objectif n’était pas là, mais plutôt au fond du jardin.
Là-bas, loin des regards indiscrets, une petite cabane se dressait, frêle et misérable en comparaison du manoir.
Il l’avait construite lui-même, à onze ans, avec du bois récupéré ici et là. Un refuge précaire, mais bien plus supportable que de vivre sous le même toit que ses bourreaux.
Au fils des années, il l’avait amélioré mais à chaque fois que cela paraissait un minimum décent, lorsqu’il rentrait de l’école, il retrouvait sa cabane détruite.
Alors il veillait à ce qu’elle ait quelques défauts.
Bien sûr, de temps en temps, elle était toujours détruite pour le malin plaisir de quelques personnes.
Mais c’était moins souvent qu’au début.
Iris ouvrit la porte qui couinait, et entra à l’intérieur.
La cabane était simple : une seule pièce, un vieux matelas posé à même le sol, une étagère bricolée de bric et de broc où s’entassaient quelques livres récupérés à l’école, un bureau propre et bien ordonné ainsi qu’une lampe à huile pour réviser la nuit.
Pour se laver, il allait simplement à l’école plus tôt et il empruntait les vestiaires de la salle de sport avec l’accord de son professeur principal, Hermès.
Son professeur avait secrètement construit un double des clés du gymnase, et les lui avait donnés.
Et jusqu’à présent, personne n’avait jamais vu Iris se laver dans le gymnase, conservant ainsi son précieux secret.
Iris s’allongea dans son lit, et regarda son plafond.
Puis il sourit.
« Heureusement que j’ai cette cabane, c’est vraiment mon chez moi. »
En repensant à ses souvenirs jeunes, toutes sortes d’images négatives lui venaient à l’esprit.
Et les blessures cachées sur son corps, étaient là comme des témoins du passé.
En hiver, il grelottait sous des couvertures trouées, en été, il suffoquait sous la chaleur.
Mais c’était chez lui.
Puis d’un coup, un bruit fracassant vint de la porte.
Suivi rapidement d’un deuxième.
boom
La porte en bois vola en éclats sous l’impact brutal.
Iris n’eut même pas le temps de réagir qu’une silhouette familière entra, suivie de deux autres jeunes hommes.
Le fils cadet de la famille Valsheim se tenait là, un sourire cruel sur les lèvres. Il avait le même âge qu’Iris, mais contrairement à lui, il avait grandi dans l’opulence, sans jamais manquer de rien.
« Tiens, tiens, mon bâtard de frère est enfin rentré. »
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