Chapitre 15 - Réveil à la fois douloureux et agréable

« Échec et mat, une prochaine fois peut-être. »

Iris n’eut même pas le temps de réagir. Le poing de Marco s’écrasa violemment contre son visage, et tout devint noir en une fraction de seconde. Son corps s’effondra lourdement sur le sol dans un bruit sourd.

Un silence bref s’installa dans la salle puis quelques rires fusèrent ici et là.

Les hommes du gang qui avaient fait des paris étant ceux qui réagissaient le plus.

Marco, quant à lui, s’étira comme si de rien n’était et secoua sa main, avant de retourner tranquillement à sa table. Il récupéra son verre resté intact et reprit sa discussion avec la femme qui l’accompagnait, un sourire amusé aux lèvres.

« Wow, tu es vraiment fort Marco ! »

Marco sourit doucement à la dame à ses côtés qui venaient à nouveau lui caresser le visage. 

« Un petit lycéen, si je n’y étais pas allé doucement, il ne serait déjà plus de ce monde. » expliqua-t-il, d’un ton très serein et arrogant.

Mais lui-même savait que la douleur du coup de coude que lui avait placé Iris, lui faisait toujours mal.

Il ne voulait simplement pas ternir son image.

L’homme en costume, qui était resté immobile et en spectateur jusque-là, observa le corps inerte d’Iris un instant avant de se tourner vers le boss du gang.

Ce dernier, toujours assis à sa place, jouait distraitement avec un verre entre ses doigts. 

« Qu’en pensez-vous, patron ? » demanda l’homme en costume, d’un ton mesuré.

Le boss jeta un regard indifférent au garçon évanoui au sol, tout en laissant un silence s’installer entre eux.

Puis il prit une gorgé de son verre avant de dire : 

« Il est faible. Pour l’instant. »

L’homme en costume hocha la tête, mais resta silencieux. Son boss n’avait pas fini de parler. 

« Mais il a eu le cran de venir ici, et il n’a pas fui face à Marco. Peu d’adolescents venant de quartiers pauvres et de son âge tiendraient aussi longtemps, même s’il a perdu lamentablement. »

Le boss se pencha légèrement en avant, son regard perçant détaillant Iris d’un œil calculateur.

« Intègre-le comme membre périphérique du gang. Il n’est qu’un lycéen, alors pour l’instant, il ne vaut pas grand-chose. Mais avec le temps, il deviendra sans doute plus fort. Et peut-être qu’un jour, qui sait, il sera un des piliers des Poings d’Acier. »

L’homme en costume esquissa un léger sourire.

Le boss posa ses yeux sur lui et ajouta avec un ton amusé :

« C’était également ton cas, n’est-ce pas, Elias ? »

Elias baissa légèrement la tête en signe de respect, un sourire en coin.

« Oui, patron. C’était aussi mon cas. »

Le boss se redressa et reprit son verre.

« Alors occupe-toi bien de ce gamin. »

Elias acquiesça sans dire un mot de plus.

…

Un bourdonnement sourd résonnait dans la tête d’Iris. Ses paupières tremblèrent, puis s’ouvrirent lentement.

La lumière tamisée de la pièce l’aveugla un instant, et il mit quelques secondes à comprendre qu’il n’était plus dans la salle principale.

Le plafond était blanc, fissuré par endroits. Mais c’était plutôt propre et sans mauvaise odeur.

Il pouvait entendre un peu de bruit venant d’en bas, mais cela restait discret.

Il se redressa légèrement, grimaçant en sentant une douleur aiguë sur le côté de son visage.

Il se trouvait dans une petite chambre à l’étage de la boîte, visiblement utilisée comme dortoir pour les membres du gang. La pièce était simple : un lit simple, une armoire en bois, une table de chevet, et au mur, une vieille télé fixée de travers, diffusant les informations du jour.

Le volume était bas, mais assez clair pour qu’il entende la présentatrice parler avec un ton grave.

« …la situation à la frontière du système Hal'Dora continue de se détériorer. Les troupes des croyants du Dieu Kymar ont percé les lignes de défense qui y avaient été installé. On dénombre plus de 30 millions de morts suite aux frappes orbitales sur les colonies lunaires de Mereth. »

Un changement de plan montra des images floues : des vaisseaux gigantesques échangeant des tirs d’énergie à travers l’espace, des soldats en armure se battant au sol, des ruines de maisons et véhicules fumants et des cris désespérés.

Puis l’image afficha le visage de la présentatrice, derrière elle, plus précisément dans le ciel, des vaisseaux immenses pouvaient être aperçus.

Autour d’elle, des soldats s’affairaient à droite et à gauche.

« Je suis actuellement dans le système It’Valt, sur la planète Kratan, d’où s’apprête à partir des centaines de milliers de demi-dieux et des milliers de Dieux dans le système Hal’Dora. »

« Des milliards de croyants accompagnent nos armées, ces derniers allant défendre notre territoire au péril de leur vie. »

« Bien que la planète Xaya ne soit pour l’instant qu’à quelques systèmes de distance du champ de bataille, les autorités rappellent qu’il n’est pas inenvisageable que des soldats soient envoyés au front. Le gouvernement de Xaya espère donc que chacun investira plus d’efforts dans la seconde dimension pour défendre nos proches et contribuer à la puissance militaire de l’humanité. »

« Particulièrement nos jeunes lycéens qui sont nos graines de talents et les futurs piliers de l’humanité. »

Iris jeta un coup d’œil à sa droite, il y avait une table de chevet sur laquelle se trouvait une télécommande.

Sans hésiter, Iris la saisit et appuya sur le bouton rouge, éteignant immédiatement la télévision.

« Protéger ? Qui m’a même déjà protégé ? C’est vraiment des conneries. » pensa Iris, après avoir entendu les paroles de la présentatrice.

Bien sûr, il espérait sincèrement qu’il y ait de nombreux idiots qui irait gâcher leur vie à la frontière, pour que lui puisse devenir plus fort, plus riche et vivre tranquillement dans les lignes arrières.

La porte s’ouvrit soudainement, brisant le silence de ses pensées.

Elias entra, une tasse fumante à la main, qu’il déposa sur la table de chevet.

« T’es réveillé ? Je ne m’attendais pas à ce que tu te lèves avant la fin de la nuit. »

Iris tenta de se redresser davantage, mais un élancement lui fit lâcher un grognement.

Elias esquissa un petit sourire, amusé par sa réaction, puis croisa les bras.

« Bienvenue dans les Poings d’Acier. T’es officiellement des nôtres maintenant. »

Iris haussa un sourcil, confus.

« Même après m’être fait exploser la tête ? »

Elias haussa les épaules.

« T’as tenu. C’est tout ce qu’on attendait. Le boss a décidé de te faire intégrer le gang comme membre périphérique. »

Il marqua une pause, laissant les mots s’imprimer dans l’esprit encore brumeux d’Iris.

« D’ailleurs c’est quoi ton prénom ? »

« Iris. »

« Ça marche, Iris. Tu seras assigné à des missions simples. Livraison, collecte, parfois un peu d’intimidation. Et tu toucheras une paie hebdomadaire. Rien d’extraordinaire, mais suffisant pour survivre…»

Il se dirigea vers la fenêtre, jeta un regard dehors.

« Bien sûr, en t’intégrant dans le groupe, nous espérons que tu ne comptes pas rester dans le gang pour survivre, mais bien que tu deviennes plus fort pour être utile au gang dans le futur. »

« Chaque membre du gang doit gravir les échelons à sa manière. Lentement, ou en brûlant tout sur son passage. »

Elias se retourna, son regard accrochant celui d’Iris.

« Oh, et ici on ne supporte pas les traîtres. Donc si tu tiens à ta vie…»

Il marqua une pause tout en s’approchant de la porte.

« Repose-toi. Demain, tu recevras ta première mission. »

Iris pensa directement :

« Visiblement, il ne compte pas finir sa phrase. »

Cependant, juste avant de quitter la pièce, l’homme en costume ajouta :

« J’ai failli oublier. Mon prénom, c’est Elias. Viens me voir si tu as des questions. »

Puis Elias partit comme ça, tout en fermant la porte derrière lui.

Cela surprit légèrement Iris, puis il murmura :

« Ça ne lui est pas passé par la tête que j’aurai pu avoir des questions maintenant ? »

« Par exemple, où je suis ? »

Puis Iris souffla, avant d’afficher un léger sourire.

« Au moins j’ai réussi à intégrer le gang. J’ai réussi à accomplir mon premier objectif avec succès. »

« Maintenant le second…Devenir plus fort. »

Mais avant de passer aux choses sérieuses, il regarda la tasse fumante sur la table de chevet.

Après quelques secondes d’hésitations, il la prit dans ses mains.

Puis il s’assit, le dos contre le coussin du lit.

Il commença doucement à porter la tasse fumante à ses lèvres, puis à boire. Mais seulement une gorgée, afin de ne pas se brûler la langue.

« C’est chaud…mais c’est vraiment un bon thé. »

Iris regarda pensivement sa tasse, son cœur se réchauffant également.

« Me servir comme ça…Dans toute ma vie, ce type, Elias, est la deuxième personne à le faire. »