Chapitre 10 - Fin de la bataille pour le point d'eau
- Kasuma
- 29 mars
- 9 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 mars
« Je ne vous laisserais certainement pas faire. »
Abusant de son physique et de son sens du combat obtenu de Tengus, il plongea littéralement dans la foule de gobelins.
Évidemment les gobelins virent cela comme une opportunité, pensant qu’il pouvait tuer ce monstre mais aussi goûter à son sang et sa chair.
Et peu importait les capacités d’Iris, des blessures commencèrent à s’accumuler sur son corps. Mais à chaque fois cela se faisait au prix de la vie de plusieurs gobelins.
Ainsi, Iris commença à devenir le centre d’attention des gobelins, à tel point que les autres Léonarcs sentirent la pression sur eux diminuer.
Certains se retrouvèrent même en situation de 1vs1 avec des gobelins, et sans surprise, ils les vainquirent avec facilité.
Lorsque ces Leonarcs levèrent leurs yeux après avoir terrassé un enième gobelin et pouvant enfin reprendre leur respiration, ils pouvaient voir au loin un puissant Léonarc se déchaîner au milieu d’une mer de gobelins.
Leurs expressions montraient leur stupéfaction et leur surprise face à une telle scène.
Quelques-uns n’avaient jamais connu la guerre, et furent encore plus bouche bée. Ils n’imaginaient pas que ce genre de scène puisse exister en dehors de leurs propres rêves.
Car bien que ces gobelins possédaient un physique relativement faible, leurs griffes et leurs morsures combinant à une excellente agilité, faisaient d’eux une espèce à ne pas sous-estimer.
S’ils ne possédaient pas de telles capacités de combat, leur race aurait depuis longtemps été exterminée.
Iris savait qu’il existait même des empires gobelins s’étalant sur d’innombrables planètes dans la seconde dimension.
Ces empires étaient soutenus par un ou plusieurs Dieux, et ces dieux étaient de véritables Dieux.
Leur puissance militaire n’était clairement pas à sous-estimer.
« C’est donc ça un Dieu ? » murmura un jeune Léonarc au corps maigre qui était momentanément sans adversaire.
« Je suis heureux qu’il soit de notre côté. » ajouta un autre, dans la même situation.
« Si c’était ces gobelins qui avaient eu le soutien de notre Dieu, nous n’aurions vraiment eu aucun espoir de survie… » commenta une jeune Léonarc, en entendant ses deux amis parler.
Les deux amis en question regardèrent la jeune Léonarc avec frustration.
« Tu as vraiment le talent de gâcher l’atmosphère, hein ? » dirent-ils tous les deux en même temps.
La Léonarc s’étira les pâtes tout en levant sourcil, sa colère montante.
« Vous deux…Vous avez vraiment besoin d’une leçon. »
Sentant la situation se renverser, les deux Léonarc qui venaient de se moquer de leur amie parurent soudainement gênée.
« Haha, c’était une blague, juste une blague. »
…
Sur l’ensemble du champ de bataille, les Léonarcs furent galvanisés. Ils se redressèrent et redoublèrent d’ardeur dans leurs combats.
« Déchiquetez ces maudits gobelins ! »
« Aidez notre Dieu ! »
« Une fois que nous aurons gagné, nous n’aurons plus à nous inquiéter du manque d’eau et de nourriture à l’avenir ! »
Les gobelins, eux, vacillèrent.
Leur nombre n’était plus suffisant pour rivaliser avec la férocité des Léonarcs qui étaient déjà une espèce dotée d’une puissance de combat individuelle bien plus forte qu’eux.
La présence de deux Léonarcs exceptionnelles, Yone et Katy, était déjà un coup dur pour leur moral.
Mais l’arrivée d’un autre Léonarc, encore plus féroce que les deux précédents et faisant des ravages dans leur rang, leur porta un coup dévastateur.
Combiné aux faits qu’ils n’étaient pas du tout préparé à cette attaque, et que surtout, peu importe les blessures sur son corps, ce puissant Léonarc ne semblait pas savoir ce qu’était la douleur, la fatigue et la peur, le moral des gobelins atteignit finalement son point le plus bas.
Ainsi, les gobelins bien qu’encore nombreux, perdaient à une vitesse visible leur cohésion. Certains s’enfuirent, comprenant qu’ils n’avaient plus aucune chance de gagner.
Mais il y avait encore un individu puissant parmi les gobelins, qui permettaient encore de maintenir une légère discipline dans leur armée.
Iris le détecta naturellement, et sans perdre de temps, il s’élança vers lui.
« Une fois tué, ce sera terminé et ma tribu sera tranquille pendant un moment. »
C’était un gobelin individu massif tenant une hache de guerre rudimentaire. Le chef, réalisant la menace, poussa un cri rauque et chargea vers Iris.
Mais Iris qui était au sommet de sa gloire évita le coup avec une agilité déconcertante.
Puis il répliqua en enfonçant ses griffes dans la poitrine du monstre avant de le soulever et de le projeter violemment au sol.
Un silence pesant suivit l’impact. Les gobelins, voyant leur chef inerte, perdirent leur dernière once de courage. Un chaos s’ensuivit alors qu’ils tentaient de fuir dans toutes les directions.
« Ne les laissez pas s’échapper ! » ordonna Yone en criant à voix haute.
Les Léonarcs poursuivirent les survivants, les abattant sans pitié. En quelques minutes, le champ de bataille fut recouvert de cadavres de gobelins. Les ombres des derniers survivants disparaissaient dans la forêt.
Lorsque tout fut terminé, un silence étrange s’installa. Puis, un à un, les Léonarcs tournèrent leur regard vers Iris.
Leur dieu, sous sa forme divine, se tenait là, dominant la scène macabre.
Yone s’agenouilla en premier, suivi de tous les autres. D’une voix remplie de respect, il s’exclama :
« Gloire à notre Dieu Iris, protecteur des Léonarcs ! »
Iris sourit à cela, puis son corps disparut en milliers de fragments de lumières, retournant à sa forme humaine et spectrale.
« En tant que Dieu, il vaut mieux agir plus et parler moins. Cela permet de garder un brin de mystère unique aux Dieux. » pensa Iris avec un sourire, flottant dans les airs.
Mais il ne conserva pas son sourire longtemps.
« Ces pertes…Il y a eu au moins 5 Léonarcs qui sont morts. »
Iris était vraiment de mauvaise humeur, bien que 5 Léonarcs n’étaient pas grand-chose et qu’à l’avenir les pertes ne se limiteraient certainement pas à 5 individus.
Yone, lorsqu’il se retourna, eut également son humeur gâchée en voyant le cadavre des membres de sa tribu.
Chacune de ces personnes, il les connaissait très bien. C’était une petite tribu après tout.
Le silence était désormais total, seulement brisé par le bruit du vent soufflant contre les branches des arbres et les gémissements des blessés.
Katy, encore haletante, rangea ses dagues pleines de sang avant de s’approcher lentement des corps sans vie des Léonarcs tombés au combat. D'un geste délicat, elle ferma les yeux d'un jeune guerrier dont elle connaissait le nom, l’histoire, et les rêves qu’il nourrissait avant ce jour.
Derrière elle, d’autres Léonarcs commençaient à se regrouper, les survivants pleins de fatigue et de douleur.
S’il y avait eu seulement 5 morts, sur les 70 combattants, aucun d’entre eux n'était indemne.
Tous avaient des blessures à des degrés divers. Sans armure, ce genre de blessure était presque inévitable.
Iris, soupira à nouveau en ressentant un poids inconnu sur sa poitrine. Dans les jeux vidéo, il savait qu’il jouait à des jeux vidéo.
Donc même si des milliers de personnes mourraient pour qu’il gagne une partie, il s’en fichait tant qu’il gagnait.
Mais ici, il savait et ressentait que c’étaient de véritables êtres vivants.
Le poids qu’il pesait sur lui n’était donc ni dû à de la fatigue ou à cause du fait qu’il ne lui restait plus que 3% de son pouvoir divin.
C’était plutôt à cause de cette sensation d’impuissance face à l'inévitable : la guerre, même bénie par un dieu d’un côté, ne laissait jamais personne indemne.
Yone prit la parole d'une voix grave :
« Rassemblez les corps… Nous leur donnerons les honneurs qu'ils méritent avant la nuit. »
Les Léonarcs hochèrent la tête et commencèrent à s'activer, la rage de la bataille s'effaçant pour laisser place à la tristesse et au respect.
…
Deux jours passèrent rapidement.
Deux jours de silence et de dur labeur, rythmés seulement par les funérailles des cinq Léonarcs tombés au combat mais aussi par le nettoyage de la forêt à cause des restes de cadavres gobelins.
Il était dommage que la viande de gobelins était considérée comme extrêmement impure et réputée pour être le vecteur de toutes sortes de maladies infectieuses, sinon la viande de gobelins aurait pu nourrir la tribu pendant quelques jours.
Cependant il y avait tout de même quelques bonnes nouvelles.
Il n’y avait plus le moindre signe de gobelins dans les environs, ces derniers s’étant probablement retranchés plus profondément dans la forêt ou étant allé à un autre endroit pour intimider une tribu qui serait plus faible que les Léonarcs.
Ce genre de chose ne concernait pas Iris, et même s’il savait ce que faisaient ces gobelins, il s’en ficherait totalement.
Seule la survie de sa tribu lui importait, donc si les autres tribus pouvaient se faire la guerre et consommer leur puissance militaire entre eux, Iris serait même heureux de cette situation.
Mais il y avait quelques bonnes nouvelles.
Des animaux s’étaient rapprochés du point d’eau, comme deviné par Iris à l’origine.
Timides au début, puis de plus en plus nombreux. Cerfs, lapins, et même quelques bêtes plus grosses apparaissaient à l’aube ou à la tombée du jour. Une véritable bonne nouvelle pour toute la tribu des Léonarcs.
Et grâce aux derniers fragments de pouvoir divin qu’il possédait encore, Iris avait purifié le lac, le libérant du sang, des restes, et de la souillure laissée par les gobelins. L’eau était à nouveau claire et saine, un véritable joyau à l’entrée de la forêt.
Les Léonarcs purent donc chasser sans danger et remplir à nouveau leurs réserves de nourriture et d’eau.
L’eau pure et l’abondance modérée de gibier ravivèrent peu à peu l’espoir dans leurs cœurs, bien qu’aucun ne parvenait à effacer complètement la lourdeur laissée par les pertes récentes.
Iris, était assis dans les airs au-dessus de la tribu légèrement endormie et ennuyée par le peu de choses qu’il s’était passé durant les deux derniers jours.
Le seul autre événement marquant étant la naissance d’un petit Léonarc, ce qui ajouta un peu de bonheur dans la tribu mais aussi dans le cœur d’Iris.
Bien sûr, il y avait également eu quelques changements dans son panel de croyants.
[Affichage du panneau des croyants.]
Non-croyant : 1
Croyant superficielle : 83
Véritable croyant : 12
Fanatique : 0
Saint : 0
« Tous les membres de la tribu excepté le nouveau-né sont au moins des croyants superficiels, et il y a même eu 7 nouveaux véritables croyants. »
« Donc malgré la perte de 5 Léonarcs, la vitesse à laquelle je gagne de la foi est passé de 8,5 points de foi par jour à 20,3. C’est plus de 2 fois plus rapide qu’auparavant. »
« À ce rythme-là, je devrais passer au deuxième tour dans moins de deux mois.» pensa Iris, satisfait, bien que ce soit encore un peu trop lent à son goût.
« Ce serait parfait si je pouvais passer au deuxième tour en un mois, car si le lycée suit ses habitudes, dans un mois il y aura le premier examen. »
« Si je veux obtenir un bon classement, ce sera compliqué si mon royaume ne passe pas au deuxième tour. »
Bien sûr, l’objectif d’Iris n’était pas la première place. Sans un sacerdoce puissant et des ressources importantes, ses efforts associés à son talent divin ne devraient être suffisant que pour atteindre de justesse le top 10 du quatrième lycée.
Et c’était déjà excellent, il y avait 210 élèves au quatrième lycée. Attendre le top 0,5% des élèves méritait déjà d’être quelque chose qui pouvait être célébré, surtout pour quelqu’un comme lui qui était un enfant élevé en famille d’accueil.
En repensant à son retour dans cette famille, il fit un sourire amer.
« Échapper à ma famille d’accueil et pouvoir avoir mon propre logement sont mes seuls et véritables objectifs dans cette vie. »
« Ces fils de riches et puissants, ainsi que ces génies monstrueux peuvent s’occuper de protéger l’humanité pendant que je vie tranquillement dans les lignes arrière de l’humanité. »
Iris n’était pas du genre à sacrifier sa vie pour un tel idéal que protéger l’humanité. Il n’avait personne à protéger à part lui-même, il se fichait bien de ce que pouvaient faire les autres.
Lui-même n’avait jamais reçu d’aides de personnes.
Et bien, il y avait bien une exception maintenant. Il ferait certainement de son mieux pour protéger les membres de sa tribu.
Il ne savait pas pourquoi, mais il se sentait particulièrement attaché à eux.
Et puisque les protéger revenait à se protéger lui-même, il ferait certainement de son mieux.
C’était à ce genre de choses qu’il avait pensé ces deux derniers jours.
Puis il sentit soudainement sa vision devenir trouble.
« Ce n’était pas trop tôt. »
Et soudain, sa conscience fut brusquement arrachée de la seconde dimension.
Tout devint flou, les visages, les sons, le vent, jusqu’à ce qu’il vit au-dessus de lui une vitre, et autour de lui un liquide étrange vert.
Puis le liquide disparut, semblant être aspiré par un trou présent dans la machine.
Enfin, la vitre au-dessus de lui s’ouvrit.
Il se leva, et rencontra les yeux froids du robot qui veillait sur sa machine. Dans ses mains, il tenait ses vêtements, bien pliés et il les tendait vers lui.
« Merci. » dit Iris, avec reconnaissance.
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