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Chapitre 17 - Concentration

« Pourquoi ? »

Comme s’il s’attendait à cela, Marcos répondit très rapidement.

« Parce que même si ça renforce les bases, à court terme ça ne sert clairement à rien à cause de ses défauts inhérents »

« Même un génie de niveau planétaire, s’il ne maîtrise que ça, il sera facilement battu par les gosses de riches formés par leurs familles avec des techniques de combat. »

Marco se redressa, et son regard se planta dans celui d’Iris.

« Peu importe, maintenant que tu es des nôtres, je vais te montrer notre technique de combat unique. »

« Observe bien. » 

Après avoir dit cela, Marco s’avança un peu loin afin d’éviter de déranger des personnes qui voudraient entrer dans la salle.

Iris le suivit, et ouvrit grand les yeux, ne voulant pas manquer une seule miette de cette démonstration.

Marcos fit rouler ses épaules et leva les poings. Sa posture changea immédiatement. Son corps, pourtant détendu quelques secondes plus tôt, sembla se densifier, comme si chacun de ses muscles se tendait dans une harmonie invisible.

« Regarde bien, Iris » dit-il d’une voix grave.

« La boxe des Poings d’Acier, ce n’est pas seulement une série de coups. C’est une façon de respirer, de tenir debout, de frapper. Tout commence ici. »

Il tapa du pied gauche sur le sol, léger mais ferme. Iris crut voir une onde traverser le corps de Marcos, partant de ses jambes, remontant jusqu’à ses hanches, puis dans ses épaules et enfin dans son bras. Quand le poing jaillit, il claqua dans le vide avec un bruit sec, presque métallique.

« La première chose, c’est l’ancrage. » expliqua Marcos. 

« Tes pieds sont tes racines. Sans eux, ton poing n’a aucune valeur. Tu dois sentir le sol comme s’il te portait en permanence. Si ton poids flotte, ton coup flottera également. »

Il enchaîna plusieurs directs, rapides, chacun semblant plus lourd que le précédent.

« La deuxième chose, c’est l’harmonie. Tes coups doivent suivre un fil invisible, qui relie ta base à ton point d’impact. Si ton poing dévie, si ton corps n’est pas aligné, tu gaspilles ton énergie. »

Puis, brusquement, il ferma les yeux et inspira profondément. Une lueur faible, presque imperceptible, sembla vibrer le long de son bras. Iris sentit son cœur battre plus fort, comme si quelque chose dans le geste de Marcos appelait inconsciemment son propre prosapia.

« Voilà la différence. » dit Marcos en ouvrant les yeux.

« Quand tu maîtrises ta respiration, ton sang et ton souffle guident ton prosapia. Pas besoin de le brûler pour l’utiliser : il circule dans ton corps. Il trempe tes os, durcit tes muscles, affûte tes réflexes. »

Il envoya un crochet dans le vide. Cette fois, Iris sentit l’air vibrer, comme si le poing avait lacéré l’espace.

« La boxe des Poings d’Aciers ne t’apprendra pas à être beau et suave. Tu n’auras pas non plus de postures impressionnantes comme certaines techniques de famille riche. » 

« Mais tu apprendras à frapper comme une enclume, encore et encore, jusqu’à ce que ton adversaire ne se relève plus. »

Tout en disant cela, Marcos était clairement fier. Selon lui, il n’y avait rien de plus satisfaisant que de frapper quelqu’un et de le mettre au sol d’un seul coup de poing.

Il fit un pas vers Iris et posa brutalement un poing fermé contre sa poitrine, pas pour le frapper mais pour lui faire sentir.

« La sensation que tu dois avoir, c’est celle d’une vague qui part de tes talons et traverse tout ton corps. Tu inspires, tu serres tes muscles comme une corde tendue, et tu relâches tout dans ton poing. Chaque frappe doit être une décharge. »

Puis Marcos recula, s’adossa de nouveau contre le mur, et croisa les bras.

« Maintenant, essaie. Mets-toi en garde. »

Iris obéit, maladroit, levant les poings comme il avait vu faire. Son équilibre vacillait déjà légèrement, ses appuis trop légers.

« Tsss. Non. Ancre-toi. Sens le sol. Inspire par le ventre. »

Iris ferma les yeux un instant, cherchant ce fameux fil invisible. Quand il frappa, le mouvement fut raide, mais pas totalement vide. Le sac vibra d’un petit choc.

Marcos éclata d’un rire bref.

« C’est tellement faible…Même un gamin de 8 ans pourrait frapper plus fort que cela. Et bien on commence tous au même endroit. »

Iris hocha la tête, solennellement.

Il ne pensait pas être spécialement talentueux, mais il était certain qu’il ne manquerait pas de persévérance.

De plus…

[Articles pré-dépensables disponibles : Méthode de pratique Jiyu (perfection), technique de combat du livre scolaire Gozu, stratégie militaires scolaires de Tenaton, Guide d’éveil des fidèles, Art de la conviction, Cycle des civilisations…Boxe des poings d’Aciers]

Les yeux d’Iris brillèrent, visiblement, les prérequis pour faire apparaître un nouvel article n’étaient pas très élevés...Ou peut-être parce que la Boxe des poings d’Acier restait une technique commune ?

Iris n’en savait rien, mais en revanche ce dont il pouvait être certain, c’était qu’il allait avoir un avantage immense sur tous les jeunes de son âge concernant la maîtrise des connaissances et des techniques !

« Mais, pourquoi la méthode de pratique Jiyu est-elle toujours disponible ? »

« Que se passerait-il si je la choisissais à nouveau ? Pourrais-je dépasser le stade de la perfection ? »

« Y a-t-il même un autre niveau au-dessus de la perfection ? »

Iris n’en savait rien, ses yeux montrant légèrement sa confusion, mais il pourrait tester dans le futur. 

[Méthode de pratique Jiyu (perfection) – 26 jours avant de rembourser la dette.]

« Il me reste encore 26 jours avant de pouvoir acheter un nouvel article. »

Iris ne pensait pas que c’était lent, au contraire c’était extrêmement rapide !

Des connaissances ou des techniques qui pouvaient prendre des dizaines d’années de persévérance, étaient instantanément acquises !

Qu’est-ce qu’était un temps d’attente d’un mois en comparaison ?

Complètement risible.

Marcos s’avança, et sortit un livre de son manteau.

Iris l’observa, intriguée.

Il jeta un coup d’œil au livre en papier légèrement abîmé et jauni.

Marcos fit un léger sourire, bien que pouvant apparaître légèrement sournois. Ce sourire n’était pas ce qu’il voulait dégager comme impression, seulement il restait un membre d’un gang.

Tout ce qu’il faisait pouvait facilement être mal interprété par d’autres personnes à cause de l’image construite dans leur subconscient..

« Ceci est le livre pour pratiquer les poings d’Aciers. »

Les yeux d’Iris scintillèrent en voyant ce livre. Mais il ne le prit pas tout de suite.

« Qu’est-ce que tu attends ? Prends-le. » commenta légèrement Marcos en tendant le livre vers Iris.

Mais Iris ne fit rien.

Ce livre…Il vaudrait une fortune pour quelqu’un comme lui s’il souhaitait l’acheter.

Ses sentiments étaient à ce moment-là très compliqués. Cela venait d’une longue période de pauvreté et d’intimidation quotidienne.

Aucun humain ne pouvait survivre à une telle histoire sans conséquence sur sa santé mentale.

Mais que cela impacte plus négativement que positivement quelqu’un ou inversement, tout dépendait de la résilience, de la détermination et…des ambitions d’une personne. Particulièrement dans un monde où les arts martiaux étaient extrêmement importants.

Absolument tout pouvait être utilisé comme un atout pour renforcer sa résilience et sa persévérance.

À cet égard, Iris était particulièrement riche en ressources…

Marcos avait vu de nombreuses personnes dans la même situation qu’Iris, après tout, dans leur gang, qui n’avait pas une histoire sombre ?

Il existe bien quelques enfants de riches qui parfois s’amusent à essayer d’entrer dans des gangs, mais même s’ils réussissent grâce à un bon jeu d’acteur, aucun ne reste longtemps.

Cette vie de gangster, malgré l’image idéale et cool que se font de nombreux adolescents, était loin d’être une vie que n’importe qui pouvait mener.

Cette vie n’était pas souvent choisie, elle était subie.

Marcos observa Iris un long moment sans rien dire, son bras toujours tendu, le livre toujours offert.

Dans le silence, les murmures de la salle d’entraînement semblaient s’être étouffés, comme si eux aussi attendaient la décision du garçon.

Finalement, Iris leva la main.

Cette dernière tremblait légèrement.

Il referma ses doigts sur la couverture usée, la texture rugueuse lui donnant l’impression de toucher une relique sacrée.

Marcos hocha la tête, satisfait.

« Ne fais pas cette tête. » dit-il avec un léger sourire, toujours un peu inquiétant. Mais pour Iris, à ce moment-là, ce sourire était très rassurant.

Marcos venait de lui donner un livre, qui pour lui, était d’une valeur inestimable. L’image qu’il se faisait de Marcos atteint instantanément le niveau maximum.

Marcos sentit un léger frisson parcourir son corps.

« À quoi pense ce gamin ? » pensa-t-il, remarquant une lueur étrange dans les yeux d’Iris.

« Ne fais pas cette tête. Chez nous, rien n’est gratuit. Si je te donne ce manuel, c’est que tu le paieras d’une manière ou d’une autre. »

Iris sentit soudainement la pression monter à ces paroles.

« Quel genre de travail me permettrait de me payer un toit, à manger, une salle d’entraînement, et même un livre si précieux ? » s’inquiéta légèrement Iris.

Il commençait tout juste à prendre conscience qu’il ne venait pas d’intégrer une organisation caritative, mais bien une structure dangereuse, très dangereuse.

Mais c’était aussi ce à quoi il s’attendait. C’était seulement qu’entre les idées que l'on peut se faire, et la réalité, il y a toujours un mur à franchir.

Après un court instant de réflexion, Iris leva les yeux vers Marcos, tout en tenant fermement le livre entre ses mains.

« Tout ce que vous me donnerez, je saurais vous le rembourser par plusieurs fois le même montant. » affirma-t-il avec un ton très sérieux.

Mais son visage juvénile ainsi que son corps maigre firent que Marcos ne le prit pas au sérieux.

Alors, il hocha simplement la tête, bien qu’il était toujours heureux de l’attitude d’Iris.

C’était ce qu’il comptait le plus.

Normalement, faire cela n’était pas son travail. Mais lors de son intégration dans le gang, un membre senior l’avait également pris sous son aile en plus du tuteur qu’il avait.

Ainsi pour lui, il ne faisait que redistribuer ce qu’on lui avait donné lorsqu’il en avait le plus besoin.

Marcos espérait simplement que ses bonnes actions pouvaient être vues de ce grand frère qui l’avait tant aidé, depuis le ciel.

« Maintenant que c’est fait, va dans un coin, et absorbe toutes les informations inscrites dans ce livre. »  ordonna Marcos d’un ton léger.

C’était un processus obligatoire dans le gang.

Iris sentit à nouveau la pression monter, et voulait poser quelques questions. Mais avant qu’il ne puisse faire quoi que ce soit, Marcos murmura :

« Il te reste maintenant plus que 59 minutes et 58 secondes. »

Iris se raidit légèrement en entendant ces mots, comme si une horloge invisible venait de se matérialiser juste derrière lui.

Il serra le livre contre sa poitrine, inspira profondément, puis se dirigea vers le mur de la salle. Il s’assit en tailleur, prenant une posture droite mais détendue, et posa le livre sur ses genoux.

À seulement quelques mètres de lui, divers membres du gang s’entraînaient, ce n’était donc clairement pas la meilleure situation pour s’entraîner.

Mais il avait un toit sur la tête, personne pour le harceler ainsi qu’un livre à étudier. Rien de plus ne lui était nécessaire pour se concentrer.

Entre ses mains, Iris sentit que la couverture était si usée qu’on devinait à peine les motifs gravés dessus.

En l’ouvrant, il fut surpris : les pages étaient remplies d’illustrations.

Schémas anatomiques simplifiés, positions de pieds, dessins de flux d’énergie, des traits dessinés d’un coup de crayon noir… Le style était rude, direct, plus ou moins comme la technique elle-même.

« Le livre est plutôt mince. » murmura-t-il à lui-même.

Un lecteur rapide pourrait effectivement lire tout cela en quinze minutes à peine.

Mais lire et retenir étaient deux concepts bien distincts.

Le regard d’Iris commença à glisser lentement sur chaque image, sur chaque annotation écrite à la main, parfois presque illisible à cause de la piètre écriture de l’auteur lui-même mais aussi parce que le livre avait visiblement déjà été lu à de nombreuses reprises, particulièrement les mains moites et avec de la transpiration tombant sur le papier.

Au fur et à mesure, cela abîma significativement le livre. Abîmant le papier au passage.

Mais cela importait peu pour Iris.

Et même la pression du temps, Iris l’oublia complètement temporairement. En un instant, il arriva à se concentrer pleinement sur l’apprentissage.

Il lisait chaque phrase plusieurs fois, fronçant les sourcils en essayant de visualiser la posture exacte, de sentir mentalement le mouvement avant de pouvoir le reproduire.

Ses doigts suivaient parfois la ligne d’un dessin, comme pour en enregistrer les contours dans sa mémoire.

Plus il avançait, plus il sentait la densité du savoir que Marcos lui avait confié. Ce n’était pas seulement un manuel. C’était l’accumulation de connaissance et de travail d’un expert en arts martiaux.

Et quelqu’un avait également pris le temps pour consigner tout ce savoir dans ce livre, et indirectement pour lui.

Ce simple geste était d’une richesse indéterminable pour lui.

À un moment, Iris s’arrêta, se leva et regarda ses propres mains.

Puis il tenta un léger mouvement décrit dans le livre, un pivot de hanche coordonné à une micro-rotation de la cheville.

Son corps réagit maladroitement, mais la sensation, elle… elle était plus ou moins là.

C’était le début d’un futur instinct de combat.

Il se rassit et continua encore et encore à absorber ces connaissances, tournant les pages, revenant en arrière, relisant certains passages.

Le temps passa sans qu’il ne s’en rende compte.


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